samedi 18 janvier 2020

La boite à questions.

Pour déposer vos questions, cliquez sur la rubrique commentaire.

Docteur-Philo vous répondra.

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Dernières questions traitées :

- Faut-il faire confiance à l’expérience vécue ?

- Pourquoi devenir philosophe ?

- Nature de l'être humain

?







(Voir ci-dessous)


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Rappel des titres de questions traitées pour l'année 2008

Année 2008

Pourquoi le masque du Masque de Fer était-il en fer ? / Les femmes peuvent être les égales des hommes ? / Pourquoi vivons nous en couple ? / Que faisait Dieu avant la création ? / C'est quoi la philosophie ? / Faut-il juger les fous ? / Peut-on vivre sans amour ? / Le bien et le mal, c’est quoi ? / Pourquoi la vie ? / J’ai 20 ans : est-ce que je suis adulte ? / Comment savoir si ma petite amie m’aime vraiment ? / C’est quand le bonheur ? / D’où viennent mes idées ? / Que faire des criminels ? / Avant ma naissance, où est-ce que j’étais ? / Qu’est-ce qu’il y a dans la poussière ? / Pourquoi les chiens ne font-ils pas des chats ? / Pourquoi Dieu permet-il la guerre ? / Y a-t-il des limites à la liberté d'expression ? / Peut-on être maître de nos goûts - c'est-à-dire les choisir ? / Comment peut-on faire le deuil de quelqu’un ? / A quoi ça sert, la honte ? / Quelle différence y a-t-il entre l’homme et l’animal ? / Pourquoi rit-on ? / Vérité objective ou vérité subjective ? / Existe-il une société parfaite? / Quel est le sens de la vie ? / Comment reconnaît-on qu’on est dans une dictature ? / Pourquoi on cause? / Faut-il avoir honte d'être nu devant son chat ? / Pourquoi se demande-t-on toujours pourquoi ? / Faut-il céder devant la force pour éviter l’affrontement ? / La douleur, est-ce que ça sert à quelque chose ? / D’où vient l’argent ? / La journée de la femme, à quoi ça sert si ça ne sert à rien ? / Jouer, c'est du temps perdu ? / Y a-t-il des choses qu’on ne peut pas dire ? / Doit-on préférer le bonheur à la vérité ? / Pourquoi les hommes sont attirés par le pouvoir ? / L'Art est-il indispensable ? / Peut-on se passer de Dieu ? / Pourquoi aime-t-on nos parents ? / Peut-on se pardonner à soi-même ? / Qu'on n'ait pas choisi de naître peut-il être considéré comme une excuse ? / Qu'est-ce que la dialectique ascendante de Platon ? / Que faire pour rester jeune ? / La Culture, ou la culture physique ? / Peut-on interdire d’interdire ? / Comment dire non ? / Peut-on désirer sans souffrir ? / Peut-on rire de tout ? / Peut-on renoncer à un bien actuel par crainte d’un mal futur ? / Les machines ont-elles une âme ? / En matière d’écologie, peut-on tirer des leçons du passé ? / Peut-on définitivement se passer des autres ? / Y a-t-il un Bien unique ? / Faut-il détruire la demeure du chaos ? / Une utopie prône t-elle forcément le bien? / Les droits de l'homme sont-ils universels ? / Faut-il se battre pour réaliser les utopies ? / Pourquoi faire des enfants ? / Où est la limite entre la vie privée et la vie publique ? / Où est la limite entre la vie privée et la vie publique ? (Suite) / Qu’est-ce que la vertu ? / Qu'est-ce que la vertu ? (2) / Peut-on remonter le temps ? / Le vide est-il préférable au manque ? / Y a-t-il des victimes innocentes ? / Qu’est-ce qu’une crise ? / Comment une croissance peut-elle être négative ? / Qu’est-ce qu’une citation ? / Fait-on le bien pour soulager sa conscience ? / Est-il nécessaire de trouver un sens à sa vie pour la vivre pleinement ? / D'où vient l'amour ? / Qui sont les étrangers ? / Pourquoi se souhaiter la bonne année ? / Pourquoi l’année débute-t-elle le 1er janvier ? / Peut-on réellement être amoureux et objectif ? / La liberté consiste-t-elle à choisir ?


N.B.Docteur-Philo rappelle qu'il ne répond à aucune demande d'aide à la dissertation.

mardi 14 février 2012

Faut-il faire confiance à l’expérience vécue ?

"Nous discutions deux citations, qui nous semblent contradictoires:

L’expérience est une lanterne attachée dans notre dos, qui n’éclaire que le chemin parcouru. Citations de Confucius, et

Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort. Friedrich Nietzsche, crépuscule des idoles Quelle est votre opinion dessus ?"

Il s’agit en effet d’évaluations apparemment contradictoires de l’expérience vécue : ou bien elle nous qualifie pour affronter l’avenir, ou bien elle ne nous informe que sur un passé-dépassé.

1 – On pourrait déjà remarquer que ces deux citations ne parlent pas tout à fait de la même chose :

- l’une évoque l’effet de l’expérience dans le domaine de la connaissance. Or si la réalité est toujours neuve, la connaissance du fait accompli ne l’éclaire pas. On pourrait même dire que l’expérience inhibe l’initiative. La jeunesse inexpérimentée ose et triomphe là où la vieille génération, chargée d’ans et d’histoire reste impuissante.

- l’autre parle des effets de l’action sur notre organisme ou sur notre psychologie. Il s’agit alors non pas de connaissance, mais de résistance de l’être. L’expérience devient entrainement sportif, et son effet s’appelle endurance. Le jeune est alors un tendron, et le vieux résiste à tout, parce que c’est un dur à cuire.

2 – Ces deux définitions ne sont donc pas vraiment « raccord », mais peut-on les raccorder quand même ?

Sans doute, à condition toutefois de refuser d’admettre que la réalité soit toujours toute neuve devant nous. Si le passé se prolonge dans le présent, alors la lanterne dans notre dos éclaire aussi ce qui est devant nos pas. Et si notre échec passé nous a enseigné quelque chose, c’est bien qu’il faut s’entrainer dur pour affronter le retour de la difficulté, un peu comme pour réussir à un examen où l’on vient d’échouer.

Bref : on raccorde ces deux citations à condition de trafiquer un peu l’idée de « passé »

mercredi 11 mai 2011

Pourquoi devenir "philosophe" ?

si j'osais, je vous poserais les questions qui suivent ; comment avez-vous réalisé que vous étiez fait pour la philosophie? (si tant est qu'on puisse "être fait" pour quelque chose)
Vous considérez-vous comme professeur de philo ou philosophe?
Ce sont deux questions qui me taraudent.
Par avance, merci

je viens de remarquer que ma deuxième question n'est pas pertinente puisque vous vous qualifiez de philosophe retraité. Toutefois il serait intéressant de voir quelle distinction vous operez.

La boite à Questions

1 – Je me suis déclaré philosophe retraité pour éviter justement de me dire « philosophe » : je trouve cette auto-proclamation très prétentieuse et un brin mégalomane. En plus ça éloigne irrémédiablement des autres qui s’enfuient épouvantés persuadés qu’ils ne pourront jamais communiquer avec un « philosophe ».

--> Du temps où je n’étais pas retraité, je répondais à qui me demandait quelle était mon activité : « Enseignant » - et surtout pas « Professeur de philosophie ».

2 – Les études de philosophie sont assez difficiles et sans débouchés pour ne pas être entreprises sans une sérieuse motivation. On découvre qu’on est fait pour la philosophie – si tant est qu’on puisse se dire « fait pour quelque chose » – quand on ne se laisse pas décourager par l’abstraction – mieux même : qu’on y trouve du plaisir.

Du plaisir… Il est banal de dire que la philosophie est une passion et que Socrate la considérait comme une gourmandise dont il ne pouvait se passer.

Mais passion de quoi ? Si on se reconnait philosophe au plaisir que la philosophie apporte, d’où vient ce plaisir ?

En fait, le champ de la philosophie est assez varié pour que cette question puisse recevoir plusieurs réponses très différentes les unes des autres.

La plupart des profs de philo universitaires sont fana de système, qui crée ses concepts et les construits de façon impeccables. Leurs dieux s’appellent Kant ou Hegel.

D’autres font de la philo comme on s’engage en politique : parce qu’ils sont des réponses à leurs besoin de valeur ou de démonstration. Beaucoup sont lancés ainsi dans des études de philo sur les traces de Sartre, Merleau-Ponty … et Marx !

Enfin, il y a ceux qui sont en quête d’un sens à donner à leur vie, à celle des autres, au destin des hommes, etc… Ceux-là philosophent sur Freud et sur Lacan.

3 – Perso, je dirai que la philosophie est pour moi un moyen de contester l’autorité des faiseurs d’opinion, qui sont des gens qui n’en savent pas plus que nous et qui en plus prétendent penser à notre place. Marre.

J’ajoute que la philosophie est aussi un moyen pour mettre du relief dans la platitude de la vie quotidienne : ce que disait Descartes en affirmant qu’il fallait pour philosopher conserver sa faculté d’étonnement qui est proprement une faculté de l’enfance.

dimanche 28 novembre 2010

Nature de l'être humain

Nouvelle question: Sommes-nous des êtres humains vivant une expérience spirituelle ou des êtres spirituels vivant une expérience humaine? A moins que ce ne soit les deux à la fois?

D'après une citation de Teilhard de Chardin
La Boite à questions

Belle question. Reste à dire quel est le problème – et donc quel enjeu se cache derrière.

A - Si nous sommes des êtres spirituels et accessoirement humains (puisqu’on resterait je suppose spirituel même si on ne vivait pas cette « expérience humaine »), alors l’enjeu est de savoir si c’est une chance ou un malheur que de vivre cette humanité.

Deux exemples :

- Le mythe du Phèdre (Platon) : les âmes étaient douées d’ailes et non de corps ; elles volaient dans le ciel jusqu’à ce qu’elles commettent des fautes qui les ont précipitées sur terre. Là elles sont « tombées » dans des corps, et elles restent ainsi, piégées et privées d’ailes, dans ce que nous appellerions quant à nous « expérience humaine ». C’est un malheur.

- Jésus Christ, Dieu qui s’est fait homme pour racheter les péchés de l’humanité. Ici, une pure spiritualité a choisi le destin humain. Comme Jésus nous sommes sur terre – avec notre destin d’homme – pour faire notre salut.

--> L’enjeu, c’est le prix à payer si nous acceptons de dire que nous sommes des êtres spirituels auxquels il échoit de vivre une expérience humaine. Et ce prix, comme le montrent nos deux exemples, c’est le dualisme : nous sommes d’abord une âme – et ensuite nous sommes une âme incarnée (selon la Genèse, lors de la création, Dieu a modelé une statuette d’argile (corps) et il lui a insufflé la vie (âme d’essence divine).

B – Si nous sommes des êtres humains et accessoirement spirituels, alors nous sommes des animaux parmi d’autres, nous pouvons fort bien nous passer de cette âme et de cet « esprit » sans cesser d’être des hommes. C’est cette idée qui fait bondir les créationnistes lorsqu’ils ont compris que tel était le message de Darwin.

Toutes fois : on nous dit : « expérience spirituelle », ce qui est compatible avec quelque chose comme un devenir. Ainsi, parle-t-on d’une évolution de l’humanité qui en dehors du processus d’hominisation aurait conduit l’humanité sur les chemins de la civilisation. Telle est la conception hégélienne de l’histoire – mais telle est aussi l’origine du pessimisme de Rousseau : l’homme est un être spirituel ? Oui, mais « l’homme qui médite est un animal dépravé »…

On le voit : le prix à payer ici est celui de la responsabilité du mal. Et pas par je ne sais quel mythe plus ou moins crédible (dont fait partie selon moi le péché originel) : par la décision au quotidien d’être non pas plus qu’un homme, mais moins qu’un homme (Merleau-Ponty).

dimanche 31 octobre 2010

Pourquoi interdire les drogues ?

Une question comme ça...

Pourquoi est-ce interdit de consommer du cannabis alors qu'il s'agit semble t-il de la drogue la moins dangereuse? Est-seulement une question d'argent?
La boite à questions

Voici une question qui – dirait-on – s’adresse prioritairement au médecin, au psychologue, au sociologue, à l’ethnologue, que sais-je encore…

Laissant le déterminisme social aux sociologues, la dépendance aux médecins, le tropisme de la jouissance aux psychologues, les rites chamaniques aux anthropologues, Docteur-Philo va devoir se faire, comme Rabelais, abstracteur de quinte-essence pour répondre à la question du jour.

--> Pour le philosophe, la drogue sous toutes ses formes répond à un besoin d’ordre métaphysique. Il s’agit d’une quête d’absolu qui pousse l’homme à franchir ses limites actuelles ce que ses forces « naturelles » ne lui permettent pas de faire.

Par exemple :

1 - On dira que ce besoin d’absolu vient de sa nature mortelle, ou encore du souvenir que son âme a gardé d’un paradis perdu, peu importe. Il s’agit se trouver dans un autre monde que celui-ci, se hisser jusqu’à une sur-nature, et il est éclairant que la religion ait été la première à faire un usage rituel des drogues, et aussi – c’est pour cela également qu’elle nous intéresse – à en interdire l’usage à ceux qui n’étaient pas initiés.

2 - Souvent cette recherche de dépassement ne porte que sur la perception : pour que le monde devienne autre, il suffit de le voir autrement. Aldous Huxley l’a magnifiquement montré dans Les portes de la perception. D’ailleurs ce besoin se manifeste même en dehors de l’usage de drogue, ainsi que nous le voyons avec les derviches tourneurs.

3 – Bien sûr, nos petits jeunes qui fument leur innocent pétard ne cherchent pas à rencontrer Dieu en face. Mais eux aussi, ils cherchent à franchir des limites – celles du plaisir : sinon, pourquoi parleraient-ils de « s’éclater » ?

D’ailleurs, la fête relève de ce mécanisme de transgression des limites, et elle implique l’usage de drogues sous toutes ses formes, à commencer par l’alcool.

--> Pouvons-nous répondre à présent à la question posée : Pourquoi l’interdit, là où précisément la menace sur la santé et sur l’ordre public ne pèse pas ?

On dit du drogué qu’il est peu ou prou un asocial, qu’il ruine sa vie en négligeant les déterminismes sociaux. Soit ; mais on devrait selon moi dire plutôt que (comme il est dit un peu plus haut) l’usager de la drogue est quelqu’un qui cherche à transgresser les limites. Car une telle transgression implique qu’on échappe aux griffes du pouvoir, puisqu’on se meut dans un autre monde, celui où la jouissance vient des substances consommées et non de la soumission aux règles de la société.

Raison d’interdire la drogue – même douce ? Dans le cœur de tout usager de drogue, il y a un anarchiste qui sommeille.