mercredi 11 mai 2011

Pourquoi devenir "philosophe" ?

si j'osais, je vous poserais les questions qui suivent ; comment avez-vous réalisé que vous étiez fait pour la philosophie? (si tant est qu'on puisse "être fait" pour quelque chose)
Vous considérez-vous comme professeur de philo ou philosophe?
Ce sont deux questions qui me taraudent.
Par avance, merci

je viens de remarquer que ma deuxième question n'est pas pertinente puisque vous vous qualifiez de philosophe retraité. Toutefois il serait intéressant de voir quelle distinction vous operez.

La boite à Questions

1 – Je me suis déclaré philosophe retraité pour éviter justement de me dire « philosophe » : je trouve cette auto-proclamation très prétentieuse et un brin mégalomane. En plus ça éloigne irrémédiablement des autres qui s’enfuient épouvantés persuadés qu’ils ne pourront jamais communiquer avec un « philosophe ».

--> Du temps où je n’étais pas retraité, je répondais à qui me demandait quelle était mon activité : « Enseignant » - et surtout pas « Professeur de philosophie ».

2 – Les études de philosophie sont assez difficiles et sans débouchés pour ne pas être entreprises sans une sérieuse motivation. On découvre qu’on est fait pour la philosophie – si tant est qu’on puisse se dire « fait pour quelque chose » – quand on ne se laisse pas décourager par l’abstraction – mieux même : qu’on y trouve du plaisir.

Du plaisir… Il est banal de dire que la philosophie est une passion et que Socrate la considérait comme une gourmandise dont il ne pouvait se passer.

Mais passion de quoi ? Si on se reconnait philosophe au plaisir que la philosophie apporte, d’où vient ce plaisir ?

En fait, le champ de la philosophie est assez varié pour que cette question puisse recevoir plusieurs réponses très différentes les unes des autres.

La plupart des profs de philo universitaires sont fana de système, qui crée ses concepts et les construits de façon impeccables. Leurs dieux s’appellent Kant ou Hegel.

D’autres font de la philo comme on s’engage en politique : parce qu’ils sont des réponses à leurs besoin de valeur ou de démonstration. Beaucoup sont lancés ainsi dans des études de philo sur les traces de Sartre, Merleau-Ponty … et Marx !

Enfin, il y a ceux qui sont en quête d’un sens à donner à leur vie, à celle des autres, au destin des hommes, etc… Ceux-là philosophent sur Freud et sur Lacan.

3 – Perso, je dirai que la philosophie est pour moi un moyen de contester l’autorité des faiseurs d’opinion, qui sont des gens qui n’en savent pas plus que nous et qui en plus prétendent penser à notre place. Marre.

J’ajoute que la philosophie est aussi un moyen pour mettre du relief dans la platitude de la vie quotidienne : ce que disait Descartes en affirmant qu’il fallait pour philosopher conserver sa faculté d’étonnement qui est proprement une faculté de l’enfance.