samedi 22 mars 2008

Faut-il céder devant la force pour éviter l’affrontement ?

Une question pour le docteur philo : est-ce que la phrase "en cas de conflit, c'est le plus intelligent des 2 qui cède, pour éviter que ça ne dégénère" est recevable ?

Par e-mail

Qu’est-ce qui pourrait justifier que je me batte pour rétablir mon droit, au moyen d’une violence en principe interdite par la loi ?

Certains pensent que si on est agressé, alors il n’y a plus de droit ni de loi, tout juste la Loi de la Jungle : c’est celui qui tape le plus fort qui a raison. Ce disant, ils confirment que la justice, la vraie, exclut que l’on se fasse justice soi-même.

Ai-je répondu ?

Non, hélas !

- Dans son film Bowling for Columbine, Michael Moore donne la parole à des citoyens américains qui militent pour le maintien du droit à porter une arme. Une femme déclare : « Si des voleurs entrent chez toi, qu’est-ce que tu fais ? Tu appelle la police ? Et si on te dévalise ou si on te viole le temps qu’ils arrivent, tu ne fais rien qu’à attendre les force de l’ordre ? Et s’ils arrivent enfin, trop tard évidemment, et qu’ils tirent sur tes agresseurs, ça changera quoi pour toi qui as été volée et violée ? Moi, je ferai ce que la police doit faire, mais je n’aurai pas à l’attendre, parce que j’ai mon 357 Magnum dans ma poche. Voilà »

Bref, qu’importe de savoir qui fait justice, du moment que c’est justice : et si la justice passe par la violence, on est en plein dans le droit au lynchage.

Avant de savoir s’il faut renoncer à la violence pour rétablir son droit, il faut donc déjà savoir quelle violence peut être voulue par la loi.

En réalité, la seule violence légale est celle de la loi, qui est postérieure au jugement, et c’est la violence pénale. La police quant à elle n’a pas à être violente, puisque son rôle est simplement d’instruire l’affaire et de présenter le délinquant au tribunal.

--> Mais les partisans de la justice compassionnelle insistent : le droit, c’est le droit des victimes. Qu’importe qu’on terrorise les criminels, si c’est la condition pour qu’ils renoncent à leur projet ?

- En réalité, tout est dans la notion de violence : s’il faut de la violence pour rétablir la loi, il faut aussi que cette violence soit d’un ordre différent de la violence du délit (1). Supposons que la police utilise les mêmes armes et les mêmes méthodes que les criminels (2). Elle justifie par là la violence des particuliers puisqu’on peut fort bien se substituer à elle : a force de vouloir rapprocher la justice des justiciable, on en arrive à leur permettre de faire justice eux-mêmes.

On trouve alors les milices, ou mieux : les Vigilants de San-Fancisco

(1) Sur tout ça voyez Michel Foucault – Surveiller et punir, en particulier le chapitre consacré aux supplices (Le supplice de Damien…Mmmmm !!)

(2) Au XIXème siècle le truand devenu policier (Vidocq, qui inspire le Vautrin de Balzac) accrédite cette idée qu’entre la pègre et la police, il n’y a que l’écart de la loi -

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pense que si l'humain s'insurge lorsqu'il se sent trop oppréssé c'est parce que ses frustrations ont été frustrées par des frustrés, et du fait que les animaux ne sont elevés dans la frustrations, ils ne se rebellent pas .

Anonyme a dit…

pas*