mardi 14 février 2012

Faut-il faire confiance à l’expérience vécue ?

"Nous discutions deux citations, qui nous semblent contradictoires:

L’expérience est une lanterne attachée dans notre dos, qui n’éclaire que le chemin parcouru. Citations de Confucius, et

Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort. Friedrich Nietzsche, crépuscule des idoles Quelle est votre opinion dessus ?"

Il s’agit en effet d’évaluations apparemment contradictoires de l’expérience vécue : ou bien elle nous qualifie pour affronter l’avenir, ou bien elle ne nous informe que sur un passé-dépassé.

1 – On pourrait déjà remarquer que ces deux citations ne parlent pas tout à fait de la même chose :

- l’une évoque l’effet de l’expérience dans le domaine de la connaissance. Or si la réalité est toujours neuve, la connaissance du fait accompli ne l’éclaire pas. On pourrait même dire que l’expérience inhibe l’initiative. La jeunesse inexpérimentée ose et triomphe là où la vieille génération, chargée d’ans et d’histoire reste impuissante.

- l’autre parle des effets de l’action sur notre organisme ou sur notre psychologie. Il s’agit alors non pas de connaissance, mais de résistance de l’être. L’expérience devient entrainement sportif, et son effet s’appelle endurance. Le jeune est alors un tendron, et le vieux résiste à tout, parce que c’est un dur à cuire.

2 – Ces deux définitions ne sont donc pas vraiment « raccord », mais peut-on les raccorder quand même ?

Sans doute, à condition toutefois de refuser d’admettre que la réalité soit toujours toute neuve devant nous. Si le passé se prolonge dans le présent, alors la lanterne dans notre dos éclaire aussi ce qui est devant nos pas. Et si notre échec passé nous a enseigné quelque chose, c’est bien qu’il faut s’entrainer dur pour affronter le retour de la difficulté, un peu comme pour réussir à un examen où l’on vient d’échouer.

Bref : on raccorde ces deux citations à condition de trafiquer un peu l’idée de « passé »