jeudi 10 janvier 2008

D’où viennent mes idées ?

En voilà une question ! Si vous vous ne savez pas d’où viennent vos idées, comment voulez-vous que moi je le sache ? Creusez en vous-même, réfléchissez, associez vos idées les unes aux autres… Je ne sais pas moi, il doit bien y avoir quelque lueur de lucidité en vous !

… Bon… Ne prenez pas cet air boudeur. Je vois bien que vous vouliez dire autre chose et que vous n’y arrivez pas.

Docteur-Philo va tâcher de vous aider.

On a en effet des représentations, des images, qui surgissent en nous sans qu’on sache pourquoi, qui ont un sens, certes, mais qui est sans rapport avec la situation réelle. Les américains appelaient ça le « day dreaming », et notaient que ces images surgissaient lorsqu’une activité machinale assoupissait la conscience. Autant dire que le subconscient est à l’œuvre dès que la conscience est amoindrie. Freud ne dira pas autre chose.

Oui, ça c’est sûr. Mais il y a beaucoup plus intéressant. Lorsque je travaille, lorsque je cherche un souvenir ou une solution, il arrive dans ma conscience des idées, que je n’avais pas l’instant d’avant, et que je n’ai pas conscience d’avoir fabriquées à partir d’éléments préexistants. Je dis alors que je suis inspiré, et si j’étais poète, je dirais que ces idées, c’est ma Muse qui me les a soufflées.

Au fond, votre question, c’était plutôt ça, je crois : est-ce que je suis l’auteur de mes idées, puisqu’elles m’apparaissent spontanément, et que, même si je dois faire un effort de concentration pour qu’elles surgissent, je ne sais jamais ni comment ni pourquoi elles sont comme elles sont. Mais en même temps, ce sont bien mes idées, je ne croirai pas les anciens qui voudraient me faire croire qu’il y a une Muse qui se penche sur mon épaule pour me souffler à l’oreille ce que je suis en train d’écrire.

Les philosophes de la conscience ont bien noté ce fait ; ils l’ont même identifié à la conscience elle-même. Je ne peux jamais me prendre comme objet d’étude, je ne serai jamais penché à la fenêtre pour me regarder passer dans la rue. Il y a une tâche aveugle dans ma conscience comme dans ma rétine : c’est là que surgit le moi.

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