samedi 1 mars 2008

L'Art est-il indispensable ?

Si on aime partir d’une contradiction en voici une :

- Thèse : l’art est indispensable, parce qu’aussi loin qu’on remonte dans la préhistoire les trace de culture sont toujours associée à des éléments décoratifs, et ont produits des oeuvres dons certaines ne dépareilleraient pas nos musées (peinture pariétales - Ici Lascaux)



- Antithèse : L’art n’existe que s’il est dégagé de toute fonction. Or les première représentations humaines ont été associées à des rôles sans doute magiques ce qui exclut la valeur artistique. En témoigne cette « Vénus » de Willendorf : à cette époque, l’art n’existe donc pas.





--> Docteur-Philo affronte la contradiction :

Bien sûr on est encore une fois confronté à des choix hasardeux concernant la définition de la notion envisagée. Avant de répondre à la question est-ce que l’art est indispensable, il faudrait dire : voici comment je définis l’art. Et pour dire ça, il faudrait déjà savoir si l’« art » existe, entendez si l’on peut dire quelque chose qui vaudrait aussi bien pour les arts plastiques, la musique, les arts du corps (danse, mime…), mais aussi la poésie, la littérature, etc… Et en plus que savons nous des arts préhistoriques ? Y a-t-il eu une musique ? Des danses ? Des chants ? De l’architecture ? Des ornements du corps ?

Reconnaissez que les philosophes, avec leurs approximations et leurs généralisations sont ici quelque peu justifiés : on aura du mal à faire mieux.

Alors, juste une thèse, comme ça pour dire qu’on ne reste pas sans rien du tout : celle de Hegel.

Pour Hegel, l’art a une fonction qui le rend indispensable : il spiritualise le réel. Il transpose dans la réalité, par la création de l’objet d’art, quelque chose qui est l’expression de notre subjectivité, c’est à dire une création de notre esprit. Même notre Vénus de Willendorf est une représentation de l’esprit : pour en faire une statuette, il faut la privilégier comme modèle pour les autres.

Mais bien sûr cette vision de l’art le découronne quelque peu : l’invention du marteau, dit Hegel, est plus méritoire que l’art de faire un portrait « ressemblant jusqu’à la nausée ».

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour me part, je penche pour le point de vue de Céline à qui le cinéma (et à fortiori l'Art en général) donne du courage. Autrement dit, lorsque tout va bien, il est probable qu'il soit très clairement dispensable.

Jean-Pierre Hamel a dit…

le point de vue de Céline à qui le cinéma (et à fortiori l'Art en général) donne du courage
- Ça je ne connais pas : vous pourriez m'en dire plus ?

Anonyme a dit…

C'est un détail dans son livre Voyage au bout de la nuit, le personnage principal Ferdinand Bardamu (fort semblable à l'auteur lui-même), lorsqu'il arrive en Amérique, nous dit aller au cinéma pour se donner du courage. Après, c'est moi qui interprète (peut-être à tort) et le rattache à ce que l'Art m'apporte : il renforce l'envie de vivre et d'éprouver à notre tour dans la réalité ce qu'il nous fait ressentir – du courage donc pour se procurer les expériences que l'on souhaite. Autrement dit, lorsque la réalité nous satisfait amplement, il serait dispensable.

Jean-Pierre Hamel a dit…

D'accord, merci de la précision.
Votre intervention me montre que j'ai "oublié" un élément essentiel qui aurait pu vous satisfaire : c'est Schopenhauer.
Pour lui, le pessimisme est la seule vérité, la souffrance est la vérité de la vie, nos désirs amoureux ne sont que des manipulations de l'instinct de reproduction qui n'intéresse ne fait que l'espèce.
Mais on peut néanmoins échapper au désespoir par l'Art - nous y voilà.
C'est la création artistique - on admettra peut-être que toute création est artistique - qui nous apporte la véritable bonheur.
--> Le pessimisme qui court de Schopenhauer à Céline est peut-être l'indication que la fonction de l'art est _au moins_ de nous permettre d'échapper au désespoir