vendredi 29 août 2008

Y a-t-il un Bien unique ?


Y a-t-il une conscience commune objective du bien? Ou n'y a t-il en fait que plusieurs consciences subjectives du bien qui se ressemblent mais dont les minuscules différences font que la réalisation parfaite du bien est impossible?

La Boite à questions


Mazette ! En voilà une question ! Docteur-Philo en va manger son bonnet carré.

Sans rire, la question du fondement des valeurs est l’une des plus difficile qui soit, si tant est qu’on puisse la résoudre.

Il y a pourtant dans cette question des présupposés qui affleurent et qui pourraient aider à y voir plus clair.

1 – Déjà, on comprend qu’il y aurait une opposition entre le Bien objectif et la somme des représentations du bien (subjectivité).

Tout se passe comme si le bien (le Bien) était un gros objet, bien visible et indépendant des consciences qui le perçoivent.

Si c’est à ça que vous croyez, alors pas de problème : voyez du côté du Pape, il a la réponse (voir la bulle de Jean-Paul II sur la morale objective) ; ou, comme le dit Sartre, seule une volonté infinie (= Dieu) peut créer des valeurs ayant une existence objective.

2 – Mais en plus, la somme des subjectivités, avec ses minuscules différences, apparaît comme destructrice de la valeur. Au lieu de se dire que ces différences sont comme les facettes d’un même objet vu sous des angles variés, on va se dire que chaque volonté va détruire ce que veut la volonté voisine : si infime que soient leur différences, elles sont mortelles pour la valeur.

J’en conclue que vous considérez le Bien comme un monolithe qui ne peut varier sans dépérir. On est dans une logique binaire : ou le Bien, ou le Mal ; pas d’alternative. Le manichéisme n’est pas loin.

3 – Enfin, le bien, si monolithique qu’il soit, doit encore être réalisé. Il n’est comme dit Kant qu’une idée régulatrice, ou si vous voulez un idéal qui n’existe pas dans notre monde mais qui oriente et polarise nos actions.

Si le Bien n'existe pas -ou pas encore - comment allons-nous le découvir?

--> Moi, Docteur-Philo, je n'ai pas de réponse philosophique à donner.Sauf que...

… attendez, j’ai une idée – ouvrez la Bible : si le Bien existe quelque part, ça doit être là-dedans.

- Ancien Testament : le Bien se décline en 10 commandements. Bon, vous allez les apprendre cœur et vous y soumettre.

- Nouveau Testament : disons que, si c’est nouveau, c’est meilleur. Là les 10 commandements ne sont plus qu’un : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Bon, voilà un Bien tout à fait monolithique, charitable et tout. Allons-y.

Oui, mais qui est mon prochain que je dois aimer ? Le policier de la Gestapo ou le Juif ? L’officier du K.G.B. ou Soljenitsyne ? Choisis ton camp camarade ; et des camps, il y en eu pour tous ceux qui ne voyaient pas le bien comme il fallait.

Pour que n’importe qui soit mon prochain, il faut que les choses changent. Oui, mais quand donc cela sera-t-il ? « Quand les hommes vivront d’amour… nous serons morts mon frère », dit la chanson

Ne désespérons pas trop ; après tout l’histoire avance et peut-être que les variations que vous signalez ne sont que de vues successives et de plus en plus nettes de la même chose. On s’avancerait vers le Bien ? Croyons-y un peu…

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