- Il y a des impatients bouillonnant, des impatients par excès de vitalité. C’est l’impatience que l’on attribue à la jeunesse, aux insouciants, à ceux qui par étourderie font comme le valet dont parle Descartes, qui part avant de savoir de qu’il doit chercher. Ces impatients sont propulsés dans l’action par le désir d’agir ; ce sont des hyperactifs, qui cherchent le mouvement perpétuel. Ils ne se déterminent pas du tout par le désir d’en avoir fini avec leur entreprise.
- Mais il y a aussi des impatients qui eux sont effectivement déterminés par ce désir d’en avoir fini. Ce sont des angoissés, des impatients obsédés par la crainte de l’échec. Pour ceux-là, voir apparaître l’issue de leur entreprise, c’est arriver à bonne fin, être sûr de la réussite – ou de l’échec, mais pour eux l’échec avéré est moins inquiétant que l’échec redouté. - L’impatience de ces obsessionnels de l’avenir (réussite ou échec), c’est le désir de dévorer le temps, d’être déjà dans l’avenir, non pas forcément pour y jouir de circonstances bienheureuses, mais pour abolir l’attente du résultat.
L’impatience est donc une angoisse de l’avenir qui nous porte à désirer être au-delà de cet avenir – ou ce qui est plus intelligible, être au-delà de la période correspondant à l’entreprise engagée.
- Or comme le souligne Bergson, cette durée à venir n’est autre que la durée présente, puisque aussi bien cet avenir n’a de sens que par rapport à l’action, c’est-à-dire au passé récent et à l’avenir imminent.
L’angoisse du présent est donc aussi l’origine de l’impatience
Comme le dit Pascal,
« Le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre. » Pensées, [Éd. Brunschvicg, 121]
Ici, l’angoisse prend la forme du divertissement, excès d’activité par le quel nous oublions notre misère métaphysique (le pécher) ; on voit que l’impatience n’est ici plus du tout un trait de caractère ou une donnée du tempérament. C’est la recherche d’un moyen parmi d’autres – puisque le divertissement ne prend pas nécessairement cette forme - de nous détourner de nous mêmes.
Il y a donc plusieurs formes d’angoisses.
La quelle est la plus authentique ?
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