Docteur-Philo n’a pas trouvé de GPS au fond de sa besace. Par contre il y a trouvé une philosophie du chemin. Plusieurs même, c’est ça qui est important.
1 – Commençons par Jésus :
Je suis le chemin, la vérité et la vie
Paroles de Jésus – Evangile de Jean 14,1-6 (1)
Tous les chemins se ressemblent, mais ils ne vont pas tous à Rome.
--> Pourtant aucun GPS n’est nécessaire pour trouver son chemin, le Chemin de la Vérité. Suivez Jésus, il est là pour vous le montrer.
2 – Ce qui importe dans le chemin, c’est le choix.
[…] les voyageurs qui, se [trouvent] égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, ni encore moins s’arrêter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu’ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n’ait peut-être été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir […]
Descartes – Discours de la méthode – 2ème partie
L’hésitation est incompatible avec la volonté de suivre un chemin. Le choix d’un chemin même fait au hasard est essentiel pour qu’il accomplisse sa fonction qui est de nous mener quelque part.
--> Le GPS est un moyen utile pour évier de changer d’option en cours de route (sauf quand il vous dit : « Faites demi-tour dès que possible »)
3 – Si le choix est le principal, alors abandonnons l’idée de chemin :
Il y a un but, mais pas de chemin ; ce que nous nommons chemin est hésitation.
Franz Kafka
Pour Kafka, le chemin n’est que l’attention que nous prêtons à ce qui est sous nos pieds, et si nous n’étions attentifs qu’au but poursuivi, il n’existerait même pas. Un peu comme les passagers de l’autoroute qui ne voient même pas le décor.
--> Laissez tomber le GPS, et prenez exclusivement des autoroutes.
4 –
Chacun suit son propre chemin, mais dans la même forêt. Souvent il apparaît que l’un ressemble à l’autre. Mais ce n’est qu’une apparence.
Bûcherons et forestiers s’y connaissent en chemins. Ils savent ce que veut dire : être sur un Holtzweg, sur un chemin qui ne même nulle part.
Heidegger – Chemins qui ne mènent nulle part (Holzwege) - Exergue
Enfin, ne l’oublions pas, Heidegger a titré l’un de ses ouvrages Holzwege, que nous traduisons tant bien que mal par Chemins qui ne mènent nulle part (1). Il s’agit de ces chemins de forêt qui se dessinent dans le sous-bois, et qu’on prend sans savoir s’ils ne vont pas s’effacer et disparaître sans qu’on sache pourquoi. Ils symbolisent, pour Heidegger – et pour autant que je l’aie compris – cet égarement sans le quel nous ne saurions atteindre la vérité dans son retrait. Si le chemin est l’expression de notre désir de vérité, nous devons savoir qu’en réalité il n’y a pas de chemin déjà tracé, déjà là pour atteindre notre but.
--> Alors, si la philosophie est l’embarras des questions, elle est aussi celui des réponses.
La mienne, vous l’avez peut-être déjà devinée est plutôt du côté de Heidegger.
Éteignez les GPS
(1) Ce qui est une interprétation. En fait Holzweg est à peu près équivalent du français layon.
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