vendredi 14 novembre 2008

D'où vient l'amour ?


Depuis quelques temps je me pose une question d'apparence simple: Est-il possible d'aimer, si on n'a jamais reçue d'amour nous même? A l'inverse, est-il possible d'aimer si on n'a connue que l'amour?

Enfin, je me demandais s'il était possible de généraliser ces questions à d'autres sentiments/notions.

Ces questions sont en partie liées à la maltraitance des enfants (par exemple): comment un enfant maltraité devenue adulte pourrait ne pas refaire ce qu'il a subit plus jeune.

La boite à questions


D’où vient l’amour ? Faut-il avoir été aimé pour aimer à son tour ? Faut-il savoir ce que c’est que la haine pour savoir ce que c’est que l’amour ?


Voilà un maquis de questions bien rebutant... Et en plus ces questions portent sur l’amour, sentiment dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’il désigne des situations ou des affects hétérogènes – très hétérogènes même…

Tout cela rebuterait qui conque s’y attellerait, mais pas Docteur-Philo. Lui, il n’a pas peur : il y va à la machette.

La question de l’origine de l’amour est de celles qui intriguent depuis la plus haute antiquité : les grecs et les latins ayant décrété que c’est un petit Dieu (Éros ou Cupidon) qui plante la flèche de l’amour, il est clair qu’il n’est pas besoin d’avoir appris à aimer, ni même de justifier des vertus de l’être aimé. C’est comme ça et voilà tout.

Mais nous, qui ne croyons plus à l’origine surnaturelle de nos passions, nous ne sommes pas plus avancés pour autant. Heureusement le Docteur Sigmund est là qui nous vient en aide. (1)

--> Or donc, sachez que l’amour est comme un tunnel qu’on creuserait par les deux bouts en même temps. Il est clair que celui qui creuse le plus vite est aussi celui qui occupe le plus de terrain. Par un bout, l’amour est l’œuvre de la libido (ou si vous préférez de la sexualité). Par l’autre, il est l’œuvre de la tendresse, sentiment hérité de la sensation de sécurité et de confort apporté par la mère – ou celle qui en tient lieu – au nourrisson.

Il y a deux expériences de l’autre qui sont requises ici :

1 – celle de l’inefficacité de l’autoérotisme et de la nécessité d’en passer par le corps du partenaire.

2 – celle que fait tout nourrisson du bienfait apporté par la mère. Bienfait qui sera retrouvé dans la relation amoureuse sous forme de tendresse, qui se développe en marge de la sexualité – les caresses deviennent alors du nursing.

Donc, si l’on récapitule, plus vous avez envie de sexe, moins vous aurez de tendresse. Plus vous aurez de tendresse, moins le sexe aura d’importance.

Bien entendu dans tout, ça pas trace de contraste de sentiment. L’amour n’a pas besoin de contre champ pour être visible.

Quoique… Là encore le Dr. Freud nous invite à plus de circonspection.

On a admis plus haut que la libido n’avait pas à être enseignée, elle est en nous primitivement : c’est la pulsion de vie. Mais en réalité elle n’est pas toute seule. Elle est accompagnée de sa sœur jumelle : la pulsion de mort. On peut aussi les appeler Eros et Thanatos : ça sonne mieux.

Pour éviter les interprétations hâtives (l’instinct de mort, Mesrine…) disons que la pulsion de mort est la tendance qui nous pousse à jouir de la destruction, du démembrement, de l’éparpillement de ce qui a été construit, de ce qui est organisé. La guerre en est un exemple. Le petit enfant qui piétine sur la plage avec des cris de joie le château de sable du voisin en est un autre.

La pulsion de vie quant à elle fonctionne à l’inverse : elle tend à accroître sans cesse les dimensions, ou l’importance de ce qui existe, et donc la procréation sous toutes ses formes fait partie de cette tendance. La libido n’en est qu’une forme parmi d’autres.(2)

Dernier point : Eros et Thanatos sont conjointement à l’œuvre dans nos actes d’amour ou de haine. C’est ce qu’on nomme l’ambivalence des sentiments. L’amour que nous portons à un être résulte du refoulement de la haine que nous éprouvons aussi pour lui. Et réciproquement.

Donc l’enfant maltraité, qui maltraite aussi devenu adulte, est simplement un être qui a appris qu’on n’a pas à refouler son désir de destruction.

Dur…


(1) Freud – Trois essais sur la théorie de la sexualité.

(2) Outre l’union sexuelle qui accroît effectivement notre corps par la possession du corps de l’autre (« la bête à deux dos » dira Rabelais), il y a la procréation de la famille ; mais il y a aussi le cercle des amis, ou le développement d’une association, etc…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est juste que l'humain a un besoin constant de se sentir surélevé dans son ego ( déjà surdimentionné)