vendredi 8 février 2008

Quelle différence y a-t-il entre l’homme et l’animal ?

Est-ce qu'en philosophie, on a une idée de ce qui fait la spécificité de l'humain (par rapport à l'animal) ? Parce qu'apparemment, la science peine à trancher la question...

La boite à questions

Alors, on va commencer par le commencement : Adam a été créé par la réunion de deux éléments : de la terre - glaise sans doute - pour fabriquer le corps (qu’il a en commun avec les animaux); et le souffle de Dieu, insufflé dans ses narines pour l’animer. Le souffle de Dieu, c’est l’âme ; comme élément divin, elle est incorruptible et immortelle, et seul l’homme en bénéficie. Voilà donc une première distinction. Son problème est d’être très vague : qu’est-ce donc exactement que l’âme ?

Mais très vite on a voulu une définition plus scientifique : en procédant comme font les classifications zoologiques, on définit l’homme par le genre au quel il appartient, et on ajoute la différence spécifique qui permet de distinguer l'espèce du genre entier. Ici on arrive à la définition bien connue : l’homme est un animal (=genre) raisonnable - c’est à dire doué de raison - (=différence spécifique). Le problème c’est que si un homme perd la raison, qu’il devienne fou par exemple, alors en toute rigueur, il cesse d’être un homme et on peut lui faire subir le sort qu’on réserve aux animaux.

Aristote s’en est mêlé, et reprenant cette méthode de définition, il a proposé de dire que « l’homme est un animal politique », entendez qu’il est le produit de la cité (=polis) où il a grandi, qui lui a inculqué les coutumes, les lois à respecter, les Dieux à honorer, etc. Ici encore, on peut cesser d’être un homme en cessant de partager la vie de ses semblables «(« l’homme qui vit seul est un monstre ou un dieu » dit-il en substance).

On a multiplié ces définitions, en prenant la différence spécifique tantôt comme un indicateur de l’origine de l’humanité (comme ci-dessus), tantôt comme un simple élément discriminant : homo economicus, homo ludens, etc... L’inconvénient de ces définitions est qu’elles permettent n’importe quoi, comme l’ont montré certains philosophes athéniens qui auraient défini l’homme comme un « bipède sans plume » - Diogène le Cynique arrive alors dans leur école et lance un poulet plumé au milieu de leur assemblée en criant : « voici l’homme ! »

Plus proche de nous, certains comme Descartes ont fait de la possession du langage le caractère spécifique de l’humanité : comprenons par langage non pas un système de signes permettant la communication, parce que ça il est évident que les animaux en disposent, mais des symboles évoquant en leur absence des choses ou des idées. Signe de la pensée, le langage est le critère le plus facilement observable de l’humanité (1).

Pour ma part, je préférerai la critère proposé par Rousseau (2) : il s’agit de la perfectibilité terme qu’il crée pour la circonstance, et qui caractérise la possibilité pour l’être humain d’évoluer de générations en générations, ce qui fait que le petit d’homme qui naît aujourd’hui, tout en étant biologiquement identique à l’homo sapiens d’il y a 100000 ans, sera bien différent pour tout le reste. On voit que la culture et l’histoire sont ici des manifestations de cette perfectibilité, et que l’animal en étant dépourvu, reste identique à ce que veut son espèce.

- Mais pour finir, disons qu’il est aussi bien tentant de gommer les différences de l’homme à l’animal, et donc de comprendre l’homme à partir de l’animal : ce que font les éthologues.

Ce que faisait déjà très bien Charles Le Brun (celui du château de Versailles) (voir d'autres planches)


(1) L’acquisition de signes du langage des sourds par certains singes - signes qu’ils n’utilisent jamais dans leur milieu naturel sauf à avoir subi ce dressage - montre non pas que les animaux disposent du même langage que nous, mais que la frontière qui nous sépare d’eux est plus perméable qu’on ne le croit. Au quel cas, c’est la volonté de se démarquer absolument de l’animal qui est suspecte : ce qu’on savait déjà depuis Darwin.

(2) Discours sur l’origine et les fondement des inégalités parmi les hommes - 1ère partie
« Mais, quand les difficultés qui environnent toutes ces questions, laisseraient quelque lieu de disputer sur cette différence de l'homme et de l'animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c'est la faculté de se perfectionner; faculté qui, à l'aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l'espèce que dans l'individu, au lieu qu'un animal est, au bout de quelques mois, ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu'elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l'homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? N'est-ce point qu'il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n'a rien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l'homme reperdant par la vieillesse ou d'autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ? »

5 commentaires:

Djabx a dit…

Etant plus jeune, il me semble qu'on me disait que ce qui différenciait les hommes des animaux était leur capacité à rire.
Ce qui nous ramène à notre question d'il y a quelques jours, mais cette fois sous un angle un peu différent, et en supposant que l'hypothèse d'au dessus soit bien vrai:

Pourquoi les hommes rient, et pas les animaux ?

Jean-Pierre Hamel a dit…

Je m'étais intéressé à cet aspect le 25 janvier 2006
Je crois qu'en fait, tous ces points de vue sur l'homme sont significatif surtout du regard que les hommes portent sur eux-mêmes

Anonyme a dit…

je suis désolé, mais beaucoup de singes rient!

Anonyme a dit…

"L'animal nait parfait, l'humain nait perfectible" ( dans sa stupidité)

UcCaBaRuCcA a dit…

La différence entre l'Homme et l'animal?
Une Pomme.

http://enregardantparlafenetre.over-blog.com/article-entre-l-homme-et-l-animal-une-pomme-51963892.html