jeudi 7 janvier 2010

Allons-nous vers la société du « tout-gratuit » ?


C’est cette question que se posait une de mes amies lors d’une soirée entre gens bien disposés pour la réflexion. Etant donné que moi, Docteur-Philo je reste comme tous les Super-Héros un héro incognito, mes proches et mes familiers ignorent tout de mon super-pouvoir philosophique.

Je n’ai donc pas voulu intervenir dans le débat mais il y avait pourtant bien des choses à dire.

Alors, c’est vrai que la diffusion par Internet de textes, de documents, d’images de musiques, – que sais-je encore ? – a créé une impression nouvelle, à savoir que l’on pouvait obtenir sans payer, c'est-à-dire sans acheter ni louer, tout ce que je viens de citer, indépendamment du fait que ce sont aussi par ailleurs des marchandises. De là à penser que le chemin n’est plus très long avant que disparaisse la société marchande, il n’y a qu’une pas – du moins pour l’imagination débridée de certains.

Le débat sur la loi Hadopi nous a rappelé que pour certains, en particuliers les artistes du show-bizz, la vente des produits de leur art était la condition même leur production. Point d’argent, point de suisse disait Racine ; pas d’argent, pas de chanteur disent nos artistes du Top 50.

Alors, voilà : le débat est obscurci parce qu’il condense deux questions différentes :

1 – Qu’est-ce qui peut être gratuit ?

2 – Pour ce qui doit être payé, comment fixer le juste prix ?

Pour la première, la réponse est simple : est gratuit tout ce qui peut-être donné. Si nous rédigeons un Blog, nous donnons quelque chose à nos lecteurs et nous ne songerions certes pas à le leur faire payer (et même nous devons être attentifs à ce que notre fournisseur d’accès n’ajoute pas de la pub derrière notre dos). Bien entendu, les compositeurs de musique n’ont aucune intention de donner leur création. Il faut donc la payer – au juste prix.

Pour la seconde, qui porte donc sur le juste prix, je trouve que la question est beaucoup plus intéressante.

--> Les utilisateurs de téléchargement illégal disent : « Moi, je refuse de payer le prix d’un album ou d’un DVD, parce que c’est trop cher. Les Majors s’engraissent sur notre dos, c’est inadmissible ». C’est donc effectivement le juste prix qui est mis en cause, et ce n’est pas si simple de dire ce qu’il est.

Nous le constatons, depuis le début de la crise financière, et les commerçants le savent bien : on ne peut plus vendre si on n’affiche pas un rabais, même minime, même illusoire. Les acheteurs refusent de payer le prix fort – même quand il s’agit du prix normal. Ce n’est plus la marchandise qui fixe la valeur des choses, mais le marché. On fait l’étonné quand on constate que les passagers d’un TGV ont tous payé un prix différent pour le même voyage : c’est que le billet a une valeur proportionnelle au taux de remplissage du train. Terminé le prix du voyage fixé par la longueur du parcours.

Etonnez-vous donc que les téléchargeurs de musique sans payer prétendent fixer eux-mêmes le montant à payer pour leur téléchargement ? Et qu’ils se moquent de savoir si l’artiste arrive à vivre avec ce qu’il leur laisse ? Se demande-t-on si le salaire du conducteur de notre TGV est couvert par le prix de notre billet ?

La gratuité est pourtant dans la conscience des utilisateurs du web une conséquence du progrès technique et non une affaire de droits d’auteurs. Mais surtout, la gratuité est une liberté et on renonce rarement à une liberté.

Comme de celle de publier et de faire lire ce Blog. Liberté dont jouissent aussi mes alias, qui rédigent deux autres (excelllllents) blogs (La citation du jour ; De l’image à la parole).

Vous pouvez vérifier ici et .

[Un peu de Pub… gratuite !]

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