Bonsoir Docteur Philo, une petite question qui m'embête depuis quelque temps, et surtout dans le courant actuel des grands débats bioéthiques. Avant de parler de définition de la vie, ou de connaissance de la vie, je me demandais pourquoi l'homme cherche-t-il à la définir, si ce n'est pour répondre à des questions que les progrès de la science soulèvent, quant à la définition même de l'homme?
La boite à questions
Bigre... Pas facile votre question, d’autant que la notion de vie occupe une place considérable dans l’histoire des sciences : le volume qu’André Pichot a consacré à cette question fait 970 pages (Histoire de la notion de vie, dans l’édition Tel).
Et puis comment ne pas être troublé par le rapprochement entre ces deux questions quand on se rappelle que dans les années 60 Michel Foucault disait justement que l’homme était une notion qui allait disparaître du champ scientifique, au moment même où François Jacob déclarait que dans les laboratoires, la recherche ne s’intéressait plus à la vie mais au vivant (entendons aux phénomènes du vivant). D’ailleurs Docteur-Philo qui a enseigné la philosophie dans une vie antérieure se rappelle que dans les programmes de philo de terminale, c’est bien le vivant qui figure et non la vie.
Bref, au moment où on cesse de parler de l’homme, on cesse en même temps de parler de la vie.
Ce qui prouve la pertinence de votre question et qu’en même temps on ne se la pose plus…
Ça ne signifie pas pour autant qu'elle soit sans intérêt, mais seulement qu'elle a une dimension historique.
--> Si je tente quand même l’aventure d’une réponse, ce sera avec plein de points de suspension.
En fait penser à définir l’homme en définissant la vie, c’est se comporter en matérialiste. Ce qui ne surprendra personne si on admet que ce sont les scientifiques qui le font.
Parce que, si vous dites « comprendre la vie c’est comprendre l’homme » alors vous allez rattacher les propriété humaines à des données physiologiques – voire même à la matière brute. On dira que les gènes sont responsables de la nature humaine, et que ces gènes sont eux-mêmes un empilement de molécules d’ADN autrement dit de substances chimiques. Et vous allez, par exemple comme Notre-Président, expliquer que l’homosexualité ou la pédophilie c’est génétique.
Qu’est-ce qui est exclu de l’humanité dans ce cas ? D’une part la liberté ; passons. D’autre part l’histoire, c'est-à-dire l’effet de l’évolution culturelle, de l’environnement humain etc…
Je devine que vous attendiez encore une autre exclusion : Hé oui… L’âme ! Quid de l’âme ? Peut-on la définir scientifiquement ? Où se situent les gènes l’âme ?
Dans ce cas, un conseil : abandonnez la science et ouvrez la Bible. Dans la Genèse, on voit bien que Dieu crée comme ça, sans plus, les animaux. Mais quand il s’agit de l’homme, la vie se dédouble : il y a la glaise dont est fait son corps et le souffle divin qui vient l’animer. C'est-à-dire : la vie, chez l’homme est double, alors que chez l’animal elle est simple.
L’homme possède alors la vie sous deux formes différentes et c’est de là que vient cette propriété extraordinaire pour un être vivant : l’immortalité – partielle, mais tout de même.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire