jeudi 23 octobre 2008

Y a-t-il des victimes innocentes ?


Les gens qui craignent les paradoxes sont priés de passer leur chemin : ce Post n’est pas fait pour eux.

Les autres savent que derrière un paradoxe se cache souvent une vérité. Ils vont se demander qui pose la question d’aujourd’hui.

Et dès qu’on aborde le problème sous cet angle, tout s’éclaire. C’est le bourreau qui pose la question : Connaissez-vous des victimes innocentes ? Et la réponse apparaît aussitôt : toute victime de la loi est un coupable qu’on châtie.

Et de citer la fable de La Fontaine : Le loup et l’agneau (1) : le loup s’érige en juge de l’agneau qui ne sera dévoré qu’après avoir été condamné.

Mais on va voir qu’il n’y a pas que les criminels subissant leur châtiment qui soient coupables.

Si nous laissons de coté les sacrifices qui font de la victime un être sacrifié à une divinité (et alors la victime doit être pure pour que le sacrifice soit agréable aux Dieux), la victime désigne un être qui subit les conséquences fâcheuses d’une situation ou d’autrui, alors la victime est la contrepartie du mal. Etre victime, c’est prouver que le mal existe.

1 – Première thèse : Nietzsche

Pour lui, il y a deux façons de localiser le mal, ou plus exactement d’évaluer l’être.

- Chez l’être dominé parle ressentiment, le mal est localisé dans l’autre, celui qui lui inflige la douleur. Toi qui me fais souffrir, tu es mauvais parce que moi, qui souffre, je suis bon.

- Chez l’être qui est animé par une force dominante, l’évaluation est symétrique : je suis bon, donc tu es mauvais. Et c’est pour ça que tu souffres – ou : que j’ai le droit de te faire souffrir, comme chez La Fontaine.

2 – Deuxième thèse : René Girard.

Selon René Girard dans une société quelconque, la violence latente résultant des traumatismes subis par le groupe ne peut s’évacuer qu’en s’exerçant sur une victime expiatoire. C’est le bouc émissaire de la Bible qui sert ici d’emblème.

Dans chaque cas de malheur, il faut un coupable. Non pas forcément pour rétablir la justice, encore que ce soit mieux : la victime du châtiment est alors objectivement coupable.

Mais cela ne doit pas occulter que le châtiment a aussi pour fonction de soulager ceux qui ont souffert. Ne voit on pas lors de la révision d’un procès qui acquitte finalement le présumé coupable, les victimes devenir enragées, parce qu’on leur a pris « leur » coupable ? Mieux vaut un "coupable" innocent que pas de coupable du tout.

Ça ne veut pas dire bien sûr que toute victime soit coupable. Mais que celles qui ne le sont pas pourraient bien le devenir.


(1) Fable que mon excelllllent ami J.P. Hamel a traité dans son blog (post du 21 mars 2008, mais malheureusement sans s’arrêter sur ce point délicat)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le vide est-il préférable au manque ?

Anonyme a dit…

Je pense que l'humain est paradoxal, car il a réussi à prendre la place de victime mais aussi de bourreau